Je vous parle aujourd'hui d'une méthode simple à mettre en place : la méthode des cuillères. C'est un concept dont j'ai entendu parler via une super BD : "La différence invisible". J'ai tout de suite pensé à mes ados/adultes Aspi, que j'accompagne en consultation (Ce concept peut également être utilisé pour toute personne qui ne parvient pas à trouver l'équilibre dans son niveau d'activité (vous pouvez lire cet article à ce sujet)). En tant qu'ergothérapeute, nous sommes focalisé.e.s sur les activités humaines, mais il nous faut aussi prendre du recul et analyser cette "somme" d'activités : le profil occupationnel. Il peut être mal calibré, et avoir des conséquences en termes de fatigue, de sociabilisation, de majoration des troubles sensoriels. Comment ça marche ? Le concept est simple à mettre en place. On attribue "arbitrairement" un nombre de cuillères à sa journée. (12 par exemple. Si la personne n'accroche pas avec les cuillères, on peut proposer des jetons, des fleurs, peu importe ! ) Chaque action significative "coûte" en cuillère, en fonction du ressenti (si vous prenez votre douche sans difficulté ou même avec plaisir : 0 cuillère, par contre, si le froid/la sensation de mouillé/l'odeur... vous incommode et que vous devez "prendre sur vous pour vous doucher", cette activité va vous "coûter" 1(2/3?) cuillères). A vous d’estimer ! A la fin de la journée, vous calculez le nombre de cuillères qu'il vous reste : étiez-vous en sous exposition/sur exposition ? 1ère phase : on note tout ! Chaque jour, la personne notera les actions coûteuses de sa journée, et compte le nombre de cuillères qu'elle a utilisé (souvent beaucoup plus de 12 !) : poser la charge mentale sur papier, avoir du recul sur plusieurs jours permet d'objectiver la problématique. L'idéal est d'être accompagné et de refaire le point avec votre ergo/thérapeute, de façon hebdomadaire. Cela permet de réévaluer le rythme, d'éviter ce qui est trop coûteux, de penser à ce qui peut se réaménager, ect. 2ème phase : Chercher la "zone de confort" Après l'analyse, on aménage l'activité (l'occupation) pour chercher un équilibre sur la journée, ou sur la semaine. Adapter, déléguer provisoirement, revoir son niveau d'exigence est important pour que la personne soit "confortable" dans son quotidien. Il ne s'agit pas d'en faire le moins possible bien sûr, mais d'identifier quel niveau d’activité permet d'atteindre sereinement les 12 cuillères de la personne, sans épuisement mais sans sous-exposition. 3ème phase : estompage L'objectif est ici de supprimer progressivement les "orthèses mentales" mises en place (notes, cahier, jetons...), qui induisent une activité et donc un coût cognitif. Nous les remplacerons par des moyens moins coûteux au niveau cognitif : une image, une couleur, une association à un symbole. Une jeune femme que je voyais identifiait les journées où elle devait s'économiser en "jours rouges". Avoir une image mentale lui permettait de se mettre en mode "économie d'énergie" dès le matin, sans avoir à ressasser toute l'organisation de sa journée. 4ème phase : maintien Lorsque cette organisation est trouvée, que le coût cognitif est réduit, il faut maintenir cet état et ce n'est pas forcément la phase la plus facile ! Au bout de quelques semaines (on dit qu'il faut 9 semaines pour qu'une nouvelle habitude soit acquise et automatisée), nous pourrons tenter de petites expériences, toujours à la frontière de la "Zone de Confort", pour l'élargir progressivement, et augmenter ainsi de façon progressive des capacités de réserve. Et maintenant, je vous propose d'écouter Julie Dachez en parler ! A lire aussi :
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Auteur
Juliette Lequinio, Ergothérapeute libérale sur Dinard, spécialisée pédiatrie / autisme |